vendredi 28 octobre 2011

Billet de campagne 1 – Approfondir la démocratie, pour quoi ?

La campagne commence à peine. François Hollande s’accorde quelques jours de vacances. Le temps pour nous de prendre un peu de recul, dans ce premier billet d’une longue série qui permettra, nous l’espérons, d’éclairer modestement les enjeux politiques actuels. Imitons donc le candidat socialiste, qui, pour mieux affronter dans quelques semaines les sables mouvants de la politique politicienne à la française, se concentre pour le moment – imaginons-le – sur ce qui est stable, rassurant : nos paysages, nos campagnes, nos monuments, c’est-à-dire, osons le mot, nos racines, corréziennes ou non. Mais il nous faut faire de la politique : impossible d’évoquer ici la beauté de la nature en cette période de la Toussaint, qui se pare d’orange, de jaune, de rouge, tout en demeurant froide et silencieuse. Oublions un instant cette douce expérience, qui, si elle était véritablement comprise, nous replongerait dans l’essentiel et rendrait inutile tout ce qui va suivre. Portons notre regard sur ce qui, en politique, semble l’élément le plus stable : les institutions. Certes, la France en a connu de multiples. Mais, vous en conviendrez, il y aura toujours moins de régimes que d’idées, d’hommes et d’affrontements politiques dans l’histoire d’un pays.

mardi 25 octobre 2011

Recension : Catherine MASSON, Le cardinal Liénart. Evêque de Lille (1928-1968), Cerf, Paris, 2001, 769 pages



Y a-t-il eu une « option fondamentale » que l’épiscopat français aurait prise au lancement de l’Action catholique selon le cardinal Marty, à la condamnation de l’Action française selon Jean Madiran, et que le second concile du Vatican aurait « authentifiée[1] » ?
L’ouvrage de Catherine Masson, maître de conférence à la Faculté libre de sciences humaines de Lille, Le cardinal Liénart. Evêque de Lille (1928-1968), issu d’une thèse de doctorat soutenue en 1999, fournit peut-être quelques éléments de réponse. « Evêque de Pie XI » selon sa propre expression, figure emblématique d’une génération de prélats français nommés dans le sillage de la condamnation de l’Action française, créé cardinal par Pie XI dès 1930, Achille Liénart était présenté au Pape par le cardinal Gasparri comme « l’un de nos évêques nouvelle manière » (p. 155), et Yves-Marie Hilaire, dans la préface qu’il donne à l’ouvrage, le qualifie de « véritable cardinal de la mission » (p. 11). C’est avant tout sous ce rapport, celui de l’effort pastoral de l’évêque de Lille, que Catherine Masson envisage la vie et l’action de cette grande figure française de l’Eglise du XXe siècle.

Recension : Jean GARRIGUES, La République des hommes d’affaires (1870-1900), Aubier, 1997, Paris, 432 pages.

« On pourrait dire que la troisième République est le fruit d’un « contrat » entre les républicains « historiques », maîtres du pouvoir depuis le 4 septembre 1870, et les milieux d’affaires, ralliés progressivement à partir de 1871 » (p. 11). C’est à partir de ce constat que Jean Garrigues, professeur à l’Université d’Orléans, met en œuvre une réflexion qui poursuit et prolonge les recherches entreprises dans le cadre de sa thèse de doctorat sur Léon Say et le Centre gauche. Il s’agit en effet, dans La République des hommes d’affaires, de mettre en évidence le rôle joué par les réseaux et l’influence du Centre gauche, représentant la grande bourgeoisie conservatrice et libérale, tant dans le ralliement des milieux d’affaires à la République que dans la forme prise par la vie et les institutions du nouveau régime, auxquels ils fournissent, de 1871 et 1879, plus de la moitié des ministres. L’auteur note en effet que ce champ d’investigation est demeuré largement délaissé par les historiens de la troisième République, d’autant plus que l’étude des réseaux d’influence unissant monde des affaires et pouvoir politique s’est prêtée à des discours polémiques sur le complot bourgeois ou le complot juif (p. 13). Jean Garrigues s’efforce donc de dresser un « diagnostic le plus fiable possible », « sans diabolisation ni hagiographie » en effectuant l’analyse systématique des « réseaux d’influence réciproque et des convergences entre les pouvoirs » (p. 13) de la proclamation de la République en 1870 à l’opposition au Bloc des gauches en 1902. 


dimanche 16 octobre 2011

Recension : Jean MADIRAN, Les droits de l’homme. DHSD, éditions de Présent, Maule, 1995, 160 pages.


Rédigé tout d’abord en 1988 à l’occasion des célébrations du bicentenaire de la déclaration des droits de l’homme de 1789, Les droits de l’homme. DHSD de Jean Madiran résume la réflexion de l’auteur sur la démocratie des droits de l’homme, définie comme celle des « droits de l’homme sans Dieu ». Il ne s’agit aucunement pour Jean Madiran de constituer une étude exhaustive sur les droits de l’homme, leur théorie et leurs développements historiques, mais d’en montrer les ressorts et la philosophie, sous la forme de chroniques dont le style alerte et la brièveté rendent l’ouvrage d’un abord très aisé. Dans les trois premiers chapitres, l’auteur s’emploie à dégager les principaux traits d’une véritable religion des droits de l’homme dont il montre les conséquences logiques dans les quatre chapitres qui suivent.