vendredi 30 décembre 2011

Hasse et l'opera seria au XVIIIe siècle (3) : Les raisons d'une éclipse

Dans sa Biographie universelle des musiciens, François-Joseph Fétis notait en 1841 que, si peu de compositeurs avaient connu autant de succès de leur vivant que Johann Adolf Hasse, il en était peu qui fussent aussi oubliés : au début du XXe siècle, Romain Rolland allait jusqu’à dire que l’oubli de Hasse était la pire injustice de l’histoire de la musique. Alors que le Français Charles de Brosse, en voyage à Venise à la fin des années 1730, y découvrait que l’ « homme fêté » n’y était pas Antonio Vivaldi, mais le « Saxon », le public contemporain peine aujourd’hui bien souvent à se figurer que les compositeurs lyriques les plus réputés des décennies centrales du XVIIIe siècle ne s’appelaient pas Haendel ou Vivaldi, mais Hasse, Porpora, Jommelli ou Galuppi.

dimanche 25 décembre 2011

Hasse et l'opera seria au XVIIIe siècle (2) : Brève histoire de l'opera seria

Il est impossible de comprendre véritablement l’œuvre lyrique de Hasse sans connaître le genre auquel elle appartient : l’opera seria, et plus particulièrement l’opera seria métastasien du milieu du XVIIIe siècle.

Pietro Trapassi, dit Métastase (1698-1782) 

jeudi 22 décembre 2011

Culture et foi : un malentendu ?

Les récents scandales qui ont marqué la vie théâtrale française, avec les pièces sacrilèges de Romeo Castellucci et de Rodrigo Garcia, qui s’en prenaient à la figure du Christ, le premier en jouant sur l’ambiguïté, le second avec la violence la plus outrancière et la plus caricaturale, ont donné lieu, parmi les catholiques, à des réactions diverses.

La pièce Golgota Picnic de Rodrigo Garcia : une attaque violente contre la religion chrétienne
  

mardi 20 décembre 2011

La crise du progressisme chrétien (4) : Progressisme chrétien et catholicisme intégral

Cet article est la suite du compte rendu de l'ouvrage d'Yvon Tranvouez. Les premières parties de ce compte rendu peuvent être lues ici :


Le Père Fessard SJ, adversaire du progressisme chrétien

Catholiques et communistes, d’une lecture passionnante, apparaît donc comme une excellente contribution à l’histoire du progressisme chrétien. Loin de limiter son investigation à La Quinzaine, ce qui aurait eu pour effet de restreindre le champ de son étude à un journal qui apparaît essentiellement comme le fait de jeunes intellectuels (p. 118) et qui passe aussitôt pour difficilement lisible pour un ouvrier (p.  124), Yvon Tranvouez s’attache avec le cas des Chrétiens du XIIIe à retracer l’histoire d’une genèse : « non pas celle du progressisme chrétien, mais celle des progressistes chrétiens ; non pas celle d’une théorie, mais celle d’une pratique » (p. 275). Bien qu’issu d’articles publiés tout d’abord séparément, l’ouvrage conserve ainsi une forte cohérence et articule avec autant de précision que de clarté les aspects aussi bien théoriques que pratiques du problème du progressisme chrétien, montrant comment celui-ci s’élabore peu à peu à la faveur des événements et de l’expérience des militants chrétiens comme d’une réflexion plus doctrinale dont la polémique n’est pas absente : l’auteur met notamment en évidence les débats qui opposent, avant même la fondation de La Quinzaine, les différentes figures par la suite considérées comme progressistes (pp. 88-98), et le rôle joué par les adversaires du progressisme, tels le P. Fessard ou Mgr de Solages, dans sa « cristallisation » en formules doctrinales claires. Yvon Tranvouez retrace ainsi avec minutie l’histoire de la construction du concept de progressisme chrétien à l’occasion de vigoureux débats intellectuels (p. 230), sans pour autant en négliger la portée pratique, au carrefour de l’engagement aux côtés du Parti communiste et des formes extrêmes de la mission ouvrière.  

Hasse et l'opera seria au XVIIIe siècle (1) : Biographie de Johann Adolf Hasse

Salué comme l'un des plus grands musiciens de son temps, trop oublié aujourd'hui, J.A. Hasse (1699-1783), qui fut l'un des maîtres de l'opera seria italien du XVIIIe siècle, me semble mériter d'être connu davantage. Ce premier article vise à donner un bref aperçu de sa carrière et de sa vie.

"Giovanni Adolfo Hasse, detto il Sassone" 

dimanche 18 décembre 2011

La crise du progressisme chrétien (3) : Perspectives

Cet article est la suite du compte rendu de l'ouvrage d'Yvon Tranvouez dont on peut trouver ici les deux premières parties : 
Partie 1

La troisième partie de l’ouvrage d’Yvon Tranvouez s’attache à remettre en perspective l’affaire de La Quinzaine, s’efforçant de la resituer tant par rapport aux expériences missionnaires qui voient le jour après 1945 que par rapport à la réflexion de quelques observateurs.

mardi 13 décembre 2011

La crise du progressisme chrétien (2) : La Quinzaine, du lancement à la condamnation

Cet article est la suite du compte rendu de l'ouvrage d'Yvon Tranvouez dont on peut trouver ici la première partie : 


Mgr Guerry, adversaire résolu de La Quinzaine

La Quinzaine, son lancement et ses lecteurs
C’est l’aventure de La Quinzaine, de la publication de son premier numéro à sa condamnation, qui occupe la deuxième grande partie de l’ouvrage. Le journal paraît tout d’abord sous le titre Quinzaine, revendiquant clairement l’héritage de Sept. Il est cependant confronté dès son lancement à une grave crise : confrontés aux critiques dont font l’objet Quinzaine et le Bulletin d’Information Religieuse (BIR) du P. Desroches, tant de la part de Rome que de l’épiscopat français, les dominicains doivent se retirer de la rédaction du journal, qui est sauvé par l’intervention le 23 janvier 1951 de Mgr Feltin, archevêque de Paris (p. 114).

lundi 12 décembre 2011

La crise du progressisme chrétien (1)

Compte rendu : Yvon TRANVOUEZ, Catholiques et communistes. La crise du progressisme chrétien (1950-1955), Cerf, 2000, 363 pages



« Pouvait-on s’opposer au communisme sans se couper de la classe ouvrière ? » C’est par une réponse négative à cette « question décisive » qu’Yvon Tranvouez, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Bretagne occidentale, caractérise la « zone dangereuse du progressisme chrétien » (p. 16), dont la définition se révèle par ailleurs malaisée tant elle recouvre des mouvements, des individus, des projets et des situations divers qui rendent difficile d’en faire l’histoire.

dimanche 4 décembre 2011

Du mirage de la société européenne



Ces derniers temps, Eva Joly annonçait son désir de remplacer le siège de la France au conseil des Nations Unies par un siège européen, projet qu’elle a su faire accepter au Parti Socialiste, et ce sans prendre en considération l’intérêt supérieur de son propre pays (pardon, l’un de ses deux pays), et en faisant fi de l’incohérence d’une telle décision puisque le Royaume Uni a lui aussi un siège. Pour justifier cet acte odieux, Eva Joly et ses sbires ont invoqué la destinée de l’Europe et celle de la société Européenne qu’elle incarne.

Il ne s’agira pas ici de laisser libre cours à mes soupçons à l’endroit de la personne de la politicienne Eva Joly, que l’on sent si prompte à privilégier l’intérêt des 26 à celui de la France, et dont le messianisme vert, si caractéristique de cette pulsion de mort païenne qui habite l’écologisme, donne l’impression qu’un tel personnage est tout droit sorti des Démons de Dostoïevski. 

jeudi 1 décembre 2011

Comment définir l’identité française ? Les écueils d’une tentative : la « charte des droits et devoirs du citoyen français »

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage
Ou comme celui-là qui conquit la Toison,
Et puis est retourné plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !



Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province et beaucoup davantage
?


Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine.



Plus mon Loire gaulois que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la douceur angevine.

Cinq siècles après du Bellay, la France existe encore, mais a bien de la peine à savoir qui elle est, ou ce qu’elle est.