dimanche 26 février 2012

Eglise conciliaire et années soixante (2) : compte rendu du livre de L. Rade

Cet article est la seconde partie du compte rendu de Eglise conciliaire et années soixante de Louis Rade. La première partie a déjà été publiée sur Contre-Débat :  

Quelle adaptation ?
Religieuses américaines de LCWR

L’étude de Louis Rade se poursuit par une réflexion sur la notion d’adaptation, mise en œuvre sous la forme de l’ouverture et de manière sélective dans la période postconciliaire (p. 132) : l’ouverture a été accomplie prioritairement non sur un monde qu’il s’agirait de sanctifier, mais sur ses aspects soixantistes les plus mondains et les plus antireligieux. « On a procédé à l’ouverture au contraire de soi-même, d’où « autodémolition » » (p. 135). Une telle identification de la nécessaire adaptation à l’ouverture est une « pétition de principe » qui marque implicitement certains textes conciliaires, qui présupposent « gratuitement qu’une attitude défensive à l’égard du monde est inadaptée » (p. 139). Une telle pétition de principe, qui oublie que, dans les périodes tridentine et préconciliaire, l’Eglise a su mettre en œuvre une « adaptation de rupture » caractérisée par la réaffirmation des systèmes défensifs et du surnaturel, apparaît ainsi à l’auteur comme un « simple alibi pour cacher un désaccord injustifié avec le système tridentin, en évitant le terrain sur lequel ces choses devraient se traiter, celui de l’efficacité pastorale » (p. 142).

Une contre-apologétique démobilisatrice
L’auteur met également en évidence les conséquences d’une telle adaptation sur la motivation des catholiques. En effet, il rappelle que l’attitude apologétique et défensive n’est pas seulement nécessaire à la conquête des incroyants ou des indifférents, mais aussi aux fidèles, auxquels toute passivité de l’Eglise dans ce domaine donne l’impression que l’Eglise ne croit pas en son propre enseignement (p. 148). Il en résulte une véritable « contre-apologétique » (p. 147), qui dénonce les certitudes et aboutit à la ruine de la foi. La censure postconciliaire de la prédication des fins dernières diminue la motivation d’apostolat missionnaire pour le salut des âmes (p. 163). « Il ne sert à rien de chercher des « projets mobilisateurs » plus adaptés que le salut des âmes. Car le sens du monde n’est pas mondain mais extramondain » (p. 164). Censurer les fins dernières revient à placer dans le monde la finalité de l’Eglise et de sa mission, ce qui a engendré un « nouveau christianisme hédoniste » supposé adulte (p. 169), alors que la peur, qui vise avant tout à faire éviter un mal futur, peut sembler indispensable dès lors qu’il est question de l’enfer (p. 174).

Biblisme et catéchèse
Louis Rade envisage également le rôle qu’a pu jouer dans la crise actuelle de l’Eglise le biblisme promu après le Concile. « La rupture brutale de continuité intellectuelle que représenta le biblisme catéchétique postconciliaire pourrait bien avoir constitué une maladresse très peu enracinée dans le « concret » soit-disant biblique » en raison de la complexité des textes bibliques en comparaison avec un catéchisme complet (p. 190). En effet, le biblisme, en raison de sa sélectivité (p. 199), n’apparaît pas tant comme un retour aux saintes Ecritures que comme un moyen de se libérer des dogmes et de la Tradition (p. 194) et d’imposer dans la catéchèse des approches existentielles voire existentialistes (p. 197).

L’effet charnière

Une prise de conscience de la désacralisation retardée par l' "effet charnière"

L’auteur examine enfin l’ « effet charnière » de la période conciliaire, entre système tridentin et soixantisme. Il s’agit en effet de rendre compte de ce qui a pu permettre la brutalité du bouleversement postconciliaire : c’est en vertu des acquis catéchétiques, liturgiques et doctrinaux passés que l’on se permet de « négliger ces mêmes acquis » et ainsi de « causer les problèmes présents » tout en en rendant le passé responsable (p. 211). « Ce n’est que quand on possède déjà le détachement, la fermeture pessimiste au monde, le recul et leurs effets bénéfiques que l’ouverture optimiste peut avoir un sens » (p. 212). « L’éloge de la « nouvelle » catéchèse ne peut se faire que par des catéchisés tridentins » (p. 211). C’est donc en vertu de cet effet charnière qu’ont été formulés les mauvais diagnostics pastoraux et qu’a été rendue si difficile leur critique.

Une réflexion sur la crise de l’Eglise
L’ouvrage de Louis Rade se veut donc une synthèse sur la crise actuelle que traverse l’Eglise, non d’un point de vue théologique et doctrinal, mais dans une approche davantage fondée sur l’examen des phénomènes liés à l’esprit du Concile. Si le modèle proposé, celui du soixantisme, est simple et reprend pour partie les affirmations du cardinal Ratzinger dans l’Entretien sur la foi de 1985 (cité p. 8 et p. 45), il rend compte de manière souvent efficace et rigoureuse de l’autodémolition de l’Eglise déplorée par Paul VI. Les développements sur l’effet charnière, notamment, permettent d’élaborer une tentative d’explication qui ne repose pas uniquement sur l’incompétence ou la malveillance supposées de la génération à laquelle il est revenu d’effectuer la réception de Vatican II. « Je ne crois pas à la simple sottise parce que les meilleurs et les plus brillants furent à l’œuvre », écrit ainsi l’auteur (p. 203), qui parvient à rendre compréhensible la relative facilité avec laquelle s’est imposé le nouveau rite de la messe, même dans ses applications ou plutôt ses interprétations les plus fantaisistes et discutables : dans les premiers temps de la réforme, « les acquis de la messe tridentine demeurent ancrés dans l’âme et ce n’est que leur atténuation qui déclenche la prise de conscience » (p. 212) ; de même Paul VI n’a-t-il tout d’abord perçu aucune désacralisation dans le nouveau rite (p. 94). Une telle explication a également le mérite de rompre avec la simple justification par les excès du passé, dont Louis Rade montre qu’ils sont peut-être le résultat d’un « verre déformant » (p. 210).
L’ouvrage constitue en effet une mise en cause aussi méthodique que convaincante des interprétations de la crise les plus communément reçues hors des milieux traditionalistes et restaurationnistes ; l’auteur s’attache en effet à mettre en évidence le rôle du soixantisme dans la perception de la crise en multipliant les exemples, du glissement du sens du qualificatif d’ « intégriste » (p. 133 et pp. 158-159) à la mise en cause de l’enseignement moral de l’Eglise, qui illustre de manière saisissante la déformation introduite par le soixantisme : ainsi, il n’est « pas surprenant de lire que l’Eglise n’a pas la moindre chance d’être entendue quand elle condamne, et de voir demandé sans cesse un discours moins moralisateur, alors que historiquement il ne l’a jamais moins été » (p. 143). « Le soixantisme parvenu est passé par-là et le normal de 1955 est devenu « intégriste[1] » » (p. 43). Si les arguments avancés par l’auteur semblent être souvent simples et relever avant tout du bon sens en raison des nettes incohérences de la « religion rose » soixantiste, l’ouvrage a le mérite de les rassembler en un modèle cohérent et adapté, celui de la pulsion soixantiste, socialement pathologique et spirituellement mortelle, conduisant à la pure et simple autodémolition de l’Eglise : « Les Eglises qui tombaient dans ce piège allaient littéralement à l’attaque contre elles-mêmes, pour des mobiles profondément antireligieux » (p. 44).

L’autorité pontificale et l’expérience de la Tradition, seules solutions à la crise

Mgr Rey, évêque de Toulon-Fréjus, ordonne un prêtre dans le rite traditionnel

L’auteur ne se contente pas d’examiner les conséquences du soixantisme dans l’Eglise, mais indique également la voie qui lui semble la plus propre à permettre au catholicisme de se dégager de l’ornière soixantiste. La piste préconisée par l’auteur trouve son fondement dans une affirmation aussi simple que forte : « J’émets l’hypothèse que la façon la plus simple d’être adapté pour une religion, en ce qui concerne la doctrine intellectuelle, réside dans un message intemporel et universel, susceptible d’être transposable partout » (p. 138). La pastorale postconciliaire d’ouverture n’a pas constitué une adaptation de l’Eglise aux nouvelles conditions de sa mission dans le monde, mais au contraire une inadaptation : en effet, l’opportunisme ou le conformisme ne sauraient constituer une adaptation pour une grande religion (p. 145). L’Eglise, en démantelant son système de défense antimondain à une époque où il était plus que jamais indispensable, se rend ainsi inadaptée non seulement au monde qu’elle doit évangéliser, mais également à sa propre doctrine ascétique, qui devient incompréhensible. Louis Rade relève ainsi le paradoxe de l’accentuation du « divorce entre le monde et la foi » alors même que les hommes d’Eglise n’ont jamais tant voulu dialoguer : le divorce s’accentue « non par confrontation, mais par auto-effacement » de l’Eglise (p. 198) ; la pastorale postconciliaire a accru la distance culturelle de l’Eglise avec le monde (p. 213). Une telle réflexion, dans un contexte où des catholiques français vont jusqu’à vouloir sauver le dialogue entre foi et culture au détriment de la culture chrétienne, ne manque pas d’intérêt.
La sortie du soixantisme doit selon l’auteur passer par l’obéissance à l’autorité pontificale. « Il n’y a d’autre solution que l’obéissance stricte au magistère pontifical, recentralisée et prêchée partout activement » (p. 146). L’auteur va même plus loin encore en préconisant le rétablissement de la fonction doctrinale et dogmatique du Magistère, rejoignant la thèse défendue dans Quel chemin pour l’Eglise ?[2] par l’abbé Claude Barthe, qui n’est cependant pas cité : « Le seul moyen d’enrayer l’effet dislocateur résidera dans un argument d’autorité du magistère, à la catholique ; c’est le dogme qui fixe les limites du dogme » (p. 201). A cette pleine restauration de l’autorité pontificale s’exerçant infailliblement, l’auteur joint la nécessité de laisser faire avec une liberté toujours plus grande l’expérience de la Tradition : « Par essais pragmatiques-empiriques, on doit donc laisser se développer largement une tendance néotridentine, avec les écoles néoclassiques qu’on n’en peut séparer, et attendre les résultats » afin de constater avec réalisme « où se trouve au juste l’adaptation » (p. 146). Réaffirmation solennelle de l’autorité du Magistère et liberté donnée aux traditionalistes dans leur apostolat : il semble que l’on ne peut qu’approuver de telles recommandations.

Quelques lacunes
Si l’ouvrage de Louis Rade demeure presque toujours clair, il souffre parfois d’un style un peu lourd et tend parfois à se montrer trop allusif. Ainsi, il mentionne par exemple, sans les nommer « ce théologien moraliste très connu » (p. 155) et « un théologien français » (p. 180), ce qui rend parfois le propos imprécis et même en certains points factuellement discutable : lorsque l’auteur évoque (p. 118) la « relative bonne tenue des ordres monastiques », il semble négliger le brutal effondrement des communautés monastiques dans la plupart des pays de vieille chrétienté. De même, il est possible de regretter l’absence de bibliographie, et l’ouvrage aurait certainement gagné à citer et à commenter plus amplement les textes indiqués en note et n’accorde peut-être sur ce point qu’une place trop réduite aux acteurs proprement dit du soixantisme postconciliaire, les citations les plus nombreuses étant issues du prêtre défroqué François Charles ou de grandes figures du traditionalisme. Un dépouillement systématique des écrits pastoraux de l’épiscopat français, par exemple, aurait probablement permis l’affirmation à la fois plus nette et plus solide du modèle proposé.
C’est ici peut-être qu’on touche aux limites de l’entreprise de Louis Rade : en effet, si le modèle qu’il développe semble extrêmement pertinent, peut-être ne rend-il pas entièrement compte des aspects doctrinaux et théologiques de la crise de l’Eglise en amont du Concile, même s’il mentionne à cet égard le rôle décisif du biblisme (p. 216), auquel il aurait sans doute pu ajouter l’usage fait de la patristique contre la philosophie scolastique. Ainsi, l’auteur déclare que Mgr Lefebvre et ceux qui l’ont suivi usent improprement du terme « modernisme » (p. 43) alors que les positions soutenues par certains théologiens après le Concile étaient également désignées comme proches du modernisme par Jacques Maritain et déjà combattues comme telles par les théologiens romains bien avant que le soixantisme ait pu faire sentir ses effets[3] et relèvent parfois objectivement de doctrines condamnées par Pascendi ou considérées comme telles, à tort ou à raison, même si l'usage courant fait du terme par les traditionalistes est parfois excessif ou inapproprié. Si l’auteur établit efficacement le rôle du soixantisme, peut-être réduit-il à l’excès le rôle des intellectuels à une fonction de rationalisation des pulsions soixantistes. On peut attribuer cependant ces quelques lacunes aux limites que Louis Rade a fixées à son étude, qui entend seulement effectuer une « accumulation d’indices raisonnablement convergents pointant vers des hypothèses vraisemblables ». De ce point de vue, le but qu’il s’est fixé est largement atteint.

Louis-Marie Lamotte




[1] De même p. 80 : « Je considère en tout cas comme un symptôme de soixantisme toute affirmation de parallélisme entre jansénisme passé et intensité de la réaction, puisque c’est sur le point même des valeurs soixantistes que portent les évolutions du jugement de ce qui est janséniste ou non. »
[2] Abbé Claude BARTHE, Quel chemin pour l’Eglise ?, Hora Decima, 2004
[3] On peut penser par exemple aux articles du P. Garrigou-Lagrange, qui dénonçait en 1930 un « réveil du modernisme » et accusait en 1947 les principales figures de la nouvelle théologie, qui ont souvent participé par la suite activement à l’élaboration des documents conciliaires, de « revenir au modernisme ».


6 commentaires:

  1. Bonjour,

    Cette recension en deux articles est très intéressante et les thèses présentées souvent pertinentes.

    Je pense particulièrement à cette fameuse "inadaptation" : c'est précisément au moment où l'Église se doit d'être particulièrement anti-mondaine qu'elle se désarme sur terrain là ; et parallèlement, c'est précisément au moment même où l'Église est la moins "anathémisante" et moralisatrice de son histoire que la société hédoniste ultra-moralisante, et pourtant persuadée de ne pas l'être, lui reproche de faire la morale. Cette situation est en fait assez courante dans la vie des hommes. D'ailleurs n'a-t-elle pas donnée l'expression "tirer sur l'ambulance" ?

    Cependant il y a des points qui me semblent beaucoup moins clairs. On passe dans cet article de l'Église aux "soixantistes", ou pour le dire plus simple de Vatican II à son "esprit" de manière indistincte. Si bien que l'on ne sait jamais si c'est le Concile lui-même qui est soixantiste ou seulement les défenseurs de son fameux "esprit".

    Cela est particulièrement frappant avec la réflexion sur le biblisme :

    « En effet, le biblisme, en raison de sa sélectivité (p. 199), n’apparaît pas tant comme un retour aux saintes Ecritures que comme un moyen de se libérer des dogmes et de la Tradition »

    Par biblisme faut-il entendre l'appel du Concile à s'approprier davantage les Écritures par lecture "directe", et les conséquences de cet appel ? Ou doit-on seulement y inclure les dérives qui s'appuyèrent sur cet appel sans y être objectivement fidèle ? Ou alors faut-il entendre que le Concile, sans être directement "responsable" de ce qui fut fait au nom de son "esprit", est cependant habité et marqué par des inflexions, des "touches" qui, sans être hétérodoxes, sont cependant marquées par ce soixantisme ?

    En fait, les trois possibilités sont grosso modo les suivantes :

    1) L'esprit du Concile, tel que pensé par les soixantistes, est totalement infidèle au Concile en tant que tel.

    2) L'esprit du Concile est la juste interprétation du Concile.

    3) L'esprit du Concile n'est pas la juste interprétation du Concile, mais il peut cependant s'en réclamer à raison car celui-ci est marqué par les attentes de certains de ses acteurs "soixantistes" qui ne furent cependant pas "ratifiées".

    Une autre faiblesse de ce texte de M. Lade porte sur la scolastique et le rapport aux Écritures.

    Le "retour aux Pères" et une certaine méfiance vis-à-vis de la scolastique ainsi qu'un désir de faire "entrer la Bible dans les maisons catholiques" ne datent pas de la naissance des soixantistes.

    De nombreux auteurs, au moins depuis le XIXe siècle, ont bien montrés en quoi la scolastique était devenue une discipline fatiguée gauchissant et asséchant largement la pensée thomiste, oubliant largement son ancrage patristique et biblique, retournant complètement le rapport entre l'être et l'essence etc.

    Au sujet de la Bible il est, me semble-t-il, évident à la vue du développement des techniques médiatiques que la solution de Trente (la lecture de la Bible doit passer par la médiation d'un religieux) n'était plus envisageable aujourd'hui.

    Le monde moderne a donné raison à Trente, les protestants en sont la preuve la plus flagrante. Mais la solution de Trente ne peut plus fonctionner, les textes bibliques sont trop facilement accessibles et on ne peut rien y faire : il s'agit donc d'insister sur l'enseignement de la Bible aux catholiques.

    Je ne pense pas du tout que cette question du "biblisme" relève exclusivement du soixantisme.

    À moins que par biblisme soit entendu l'interprétation soixantiste, et uniquement soixantiste, de la place nouvelle accordée à la Bible chez les catholiques après le Concile. Auquel je suis d'accord.

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  2. Cher Monsieur Bourgoin,
    Vous touchez effectivement aux limites de la démonstration de Louis Rade. Je puis cependant préciser que par biblisme, l'auteur entend essentiellement la catéchèse existentielle, voire existentialiste, qui a été mise en oeuvre sous couvert de retour aux sources scripturaires.
    Je pense, à propos du Concile et de son esprit, que la troisième solution que vous avancez est celle que défend Louis Rade, même si ce n'est effectivement pas toujours excessivement clair.
    Je ne partage pas votre jugement sur la scolastique du XXe siècle, mais la discussion nous conduirait certainement trop loin.
    Merci pour votre commentaire,

    Louis-Marie Lamotte

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  3. Cher monsieur,

    Oui, vous avez raison, mes propos sur la scolastique étaient excessifs. Je ne suis pas sûr de vraiment les penser moi-même. En fait ils relèvent plus d'un préjugé que d'une étude profonde des sérieuse des auteurs incriminés.

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  4. L'idée que l'ouverture au monde voulue par le Concile constitue une adhésion à l'hédonisme est une pétition de principe qui ne convainc guère. Est-il possible de penser que les prêtres ouvriers étaients de hédonistes ? Avez-vous déjà travaillé en usine ? Je pense pour ma part que l'ouverture au monde est issue de l'idée qu'il faut combattre le communisme sur son propre terrain. Voyez l'article http://www.esprit-et-vie.com/article.php3?id_article=1033 à propos de Madeleine Delbrêl.

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  5. Cher Anonyme,
    Pour une bonne partie de votre message, je vous rejoins tout à fait : il n'y avait pas d'hédonisme dans le projet des prêtres-ouvriers. Mais il me semble que vous établissez vous-même un lien entre prêtres-ouvriers et "ouverture au monde voulue par le Concile" qui est abusif : les prêtres-ouvriers sont issus d'une initiative du cardinal Suhard à la fin des années 1940, ils ont alors été défendu par l'épiscopat français, avec à sa tête les cardinaux Feltin, Gerlier et Liénart, jusqu'à la condamnation romaine de 1954. Vous n'avez pas tort non plus d'écrire qu'il s'agissait, au départ, de l'idée qu'il faut combattre le communisme sur son propre terrain, avec des visées conquérantes (qui ont, je crois, très vite disparu) directement issues du catholicisme intégral et intransigeant du temps de Pie XI.
    Mais précisément, Louis Rade ne parle aucunement des prêtres-ouvriers, car ils sortent largement du cadre de son étude, quelque générale que soit cette dernière. Vous n'en touchez pas moins à l'une des limites de l'ouvrage dont je n'ai fait qu'un compte rendu : quel rapport précis le "soixantisme" dont il fait la principale clef de lecture de la crise de l'Eglise contemporaine entretient-il avec les courants "contestataires", si l'on peut dire, d'avant le Concile et les années 1960, qu'il s'agisse de la nouvelle théologie d'une part, du progressisme chrétien d'autre part ? C'est ici, au-delà des logiques sociales, qu'il faudrait examiner les filiations des uns et des autres, les références théologiques et pastorales, les récupérations intéressées ou non etc.
    Merci pour votre commentaire,

    Louis-Marie Lamotte

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  6. On peut ajouter que certes l'ouverture au monde inclue les ptres ouvriers (et devrait donc inclure des ptres banquiers et administrateurs capitalistes...), elle n'est pas exclusivement ouverture au soixantisme, mais elle l'inclut et selon le livre , semble-t-il, cela implique le désastre postconciliaire (qui inclut à son tour la mort-disparition des ptres ouvriers...)

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